Home/Interviews EC/E-Commerce : cap vers les 2 milliards d’euros E-Commerce : cap vers les 2 milliards d’euros Numéro un en France toutes catégories confondues, La Redoute occupe la seconde place du cybercommerce en Belgique, juste derrière le site 3Suisses et devant Neckermann. Inside a rencontré Geneviève Vitré-Cahon, Présidente du Conseil d’administration de l’association BeCommerce et directrice du site Laredoute.be qui accueille plus d'1 million de visiteurs uniques par mois et réalise plus de 50% de son chiffre d’affaires sur Internet. 2011-03-02Comment -Inside Digital Media : Quel est le dernier bilan de l’e-commerce en Belgique, et quelles sont les perspectives de croissance pour 2011 ? Nous prévoyons une croissance du secteur d’environ 20% pour l’année 2010. On estime que le marché belge atteindra les 2 milliards d’euros à l’horizon 2011.La croissance de l’e-commerce est liée au taux de pénétration de l’Internet dans le pays. Aujourd’hui, 75% des particuliers belges utilisent fréquemment Internet. À titre de comparaison, les pays d’Europe du Nord connaissent un taux supérieur à 80%, voire même à 90%. Cela donne une belle marge de progression pour notre marché. Côté achats online, nous sommes dans un ratio de 38%, alors qu’en Europe du Nord on est dans une proportion des deux tiers (Pays-Bas et Grande Bretagne) et à 58% en France. La Belgique connaît une courbe de progression linéaire, mais décalée d’environ 3 ans par rapport au marché français. On peut donc estimer raisonnablement que nous franchirons le cap des 58% d’ici 2 à 3 ans …- À quel rythme progresse le nombre de cybermarchands ? Il y a aujourd'hui quelque 6.200 sites marchands sur la Toile belge. On assiste en moyenne à l’arrivée de 10 nouveaux venus chaque jour. À titre de comparaison, il se crée aux Pays-Bas pas moins de 30 cyberboutiques chaque jour ! Ces chiffres permettent de conclure que nous ne connaissons pas encore la même explosion qui touche en ce moment la France par exemple. Mais elle ne tardera pas à arriver. Ce n’est qu’une question de temps …-Qui sont les acteurs et les secteurs les plus dynamiques du cybercommerce belge ? Ce sont avant tout les poids lourds de la vente par correspondance … En particulier, les secteurs de l'habillement et du voyage. Nous voyons toutefois de plus en plus de « retailers » débarquer sur la Toile belge, ainsi que des sociétés de services qui proposent des billets de train, de voyage, cinéma, etc.- À quoi peut-on imputer le retard de l’e-commerce belge? À notre conservatisme … Le taux d’équipement et d’accès à Internet à haut débit dépendent de l’environnement et des coûts pratiqués dans chaque pays. En France, ces types d’équipement et de connexion sont extrêmement favorisés, pour ne pas dire subventionnés par les opérateurs. De telles décisions jouent favorablement dans le développement de l’e-commerce d’un pays. D’autres facteurs contribuent au développement de notre secteur, comme l’offre concurrente et la proximité des magasins. En Belgique, le réseau des commerces est particulièrement dense. On peut épingler également des facteurs d’ordre culturels, comme par exemple le fait que les consommateurs sont plus fidèles à leurs fournisseurs habituels … La loyauté des Belges à l’égard de leurs marques habituelles n’est pas un mythe ! Cette caractéristique explique le fait que nous soyons traditionnellement moins volatiles par rapport à nos voisins européens.- Y a-t-il une réelle corrélation entre les prix des connexions à Internet et la progression des achats online ? Absolument ! On constate que le niveau des achats online progresse dans les marchés où les tarifs ADSL baissent. Heureusement, nous avons enregistré des signes encourageants au cours de l’année écoulée. Par conséquent, si notre marché est moins mature que d’autres, il reste très prometteur et en plein développement !-La crise a-t-elle eu un impact sur la progression de l’e-commerce belge ? Nous n’avons pas constaté d’impact négatif de la crise sur le marché de l’e-commerce. Internet offre une alternative intéressante pour les consommateurs dont la confiance est ébranlée, car le canal online offre des facilités d’achat ainsi que des conditions uniques! Les consommateurs sont attirés par les prix qu’ils trouvent sur le canal Internet, ce qui répond à leurs préoccupations en période de crise. - La plus grosse tendance de l’e-commerce en 2010 ? Nous avons connu un véritable explosion de l’audience des femmes sur Facebook durant l’année écoulée. Ce phénomène est assez surprenant étant donné que le réseau n’était pas autant utilisé il y a à peine un an. Cette formidable adhésion est assez révélatrice du potentiel de notre marché. Par ailleurs, cette tendance est très intéressante pour les cybermarchands, car il s’agit d’un support très intéressant pour les marques. Pour La Redoute, la plate-forme sociale nous permet de communiquer directement avec nos clientes et d’avoir un dialogue beaucoup plus personnalisé à travers les recommandations et commentaires des consommateurs. Et surtout de pouvoir répondre directement aux clients mécontents. Autrement dit, Facebook est devenu un véritable vecteur de communication des marques basé sur un nouveau modèle marketing qui ne part plus de la marque, mais qui prend sa source au sein du réseau des consommateurs. Cette transparence implique toutefois d’accepter les critiques sur nos produits. Cela fait partie du jeu …-Les acteurs de l’e-commerce s’intéressent-ils aux utilisateurs mobiles belges ?Le niveau d’achat réalisé à partir d’appareils mobiles reste encore faible en Belgique, car il s’agit d’un nouveau mode de communication, y compris en France. Par ailleurs, le coût des appareils et des abonnements data reste plus élevé en Belgique que dans d’autres marchés, ce qui n’arrange rien … Cela dit, l’e-commerce mobile fait partie des axes importants qui contribueront à développer les achats online dans les années à venir.-Le « mobile shopping » fait-il partie des axes stratégiques de La Redoute Benelux? Oui, notre projet mobile vient tout juste de démarrer. Nous venons de mettre à disposition de nos clients belges des versions iPhone et mobiles de notre site e-commerce. Dans les marchés plus matures, la progression de l’e-commerce mobile se développe à toute allure.- Quelles sont les caractéristiques particulières du marché online belge ? Constatez-vous des points noirs qui compliquent l’implantation de vitrines commerciales sur notre Toile … Je ne vois pas à proprement parler de points noirs dans notre marché. Bien entendu, il convient toujours de s’adapter aux particularités de chaque marché. Le marché belge est très compétitif et reste, certes, plus compliqué que d’autres marchés étant donné l’usage de différentes langues. Les boutiques online qui souhaitent assurer une présence doivent tenir compte de ces critères. Mais il n’est pas plus difficile de se lancer sur le marché belge qu’ailleurs … Au contraire, l’e-commerce constitue une opportunité évidente pour les marques et grandes enseignes qui souhaitent se lancer sur notre marché. Le consommateur belge est très exigeant dans tous les domaines, ce qui est tout à son honneur. - Quelles sont les particularités de l’eShopping à la Belge ?Le paiement par virement bancaire est une spécificité de la Belgique. Il est beaucoup plus apprécié que les paiements par carte de crédit (Visa/American Express) qui sont pourtant devenus les principaux modes de paiement dans la plupart des autres pays. Les consommateurs belges sont très sensibles à la sécurisation des paiements sur Internet. Il est donc primordial d’apporter une garantie sur ce sujet. C’est la raison pour laquelle BeCommerce propose un label de qualité qui est une condition sine qua non d’adhésion à notre association et dont le but est d’apporter suffisamment de garanties aux consommateurs. - Le label BeCommerce a-t-il suffisamment d’impact auprès des consommateurs ? Il représente un élément prépondérant pour gagner la confiance des consommateurs, même s’il reste encore beaucoup de travail de communication à faire pour l’imposer davantage auprès des internautes. Toujours est-il que le label permet de montrer qu’un travail important a été réalisé en matière de certification de sécurité sur les sites qui l’arborent. -Les grandes surfaces et autres chaînes de distribution restent encore très réfractaires au commerce online… Pourquoi ?Elles ont des stratégies qui leur sont propres. Néanmoins, elles ne devraient plus rester longtemps en marge du cybercommerce. Nous voyons de nombreuses enseignes au sein de l’association BeCommerce s’intéresser de près à Internet, car elles souhaitent en faire un axe de développement. La plupart d’entre elles expriment aujourd’hui la volonté d’afficher une présence online dans les années qui viennent …-Les cybercommerçants doivent-ils avoir peur de la montée en puissance des plates-formes marchandes comme eBay et autres Amazone ? Des sites où il est désormais possible d’acheter des produits neufs et d’occasion à des tarifs encore plus compétitifs …Honnêtement pas du tout. Ce sont avant tout des concurrents comme les autres ! Cette nouvelle concurrence constitue une belle opportunité pour le secteur, car elle permet de dynamiser et généraliser le mode de consommation via le Web. Par ricochet, nous bénéficions (à La Redoute) de cet engouement. C’est un peu comme assurer une présence commerciale dans une galerie marchande où de nombreuses enseignes se côtoient et attirent mutuellement davantage de trafic. 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