Voici en fait le raisonnement : 1. Les femmes communiquent autrement que les hommes. 2. L’Internet est un moyen de communication. Donc, 3. Les femmes utilisent l’Internet autrement que les hommes. Habituellement, il me suffit de ‘googler’ juste un peu pour obtenir la confirmation de chacune de mes théories parfois étranges. Mais cette fois, je reviens carrément de loin. Encodez les mots clés « femmes » et « statistiques » dans votre moteur de recherche Google, affinez éventuellement votre requête avec « pourcentage » et vous récoltez un nombre invraisemblable de statistiques débiles sur le comportement des femmes. Exemples : 75% des femmes préfèrent gagner le prix Nobel de la paix que celui des Top Models américaines. Elles seraient 55% à ne pas dire non à une liposucion. Et, vrai de vrai, la plupart ont 19 paires de chaussures (cela semble beaucoup, mais les apparences sont trompeuses : elles cachent les plus chères à leur partenaire pendant quelques mois).

Mais les vendeurs de chaussures ne sont pas les seuls s’intéresser à ce que nous pouvons appeler le groupe cible des femmes. Un exemple ? Della, la version « féminine «  de Dell.com. Des couleurs pastel, des photos floues (de stock) et surtout des conseils informatiques pourchassent la gent féminine à travers le monde (Conseil 3. Mieux manger : trouver des recettes en ligne, les archiver et les gérer, visionner les cours de cuisine en vidéo). Ce n’est jamais bon !
Le premier à avoir dit quelque chose de sensé, selon moi, sur le rapport entre les femmes et l’Internet, c’est Hollu Buchanan, un des auteurs du livre « The Soccer Mom Myth ». Buchanan constate que les femmes consacrent de moins en moins de temps aux médias publicitaires traditionnels, alors qu’elles sont justement de plus en plus en ligne. Pour de nombreuses raisons, l’Internet est donc le support publicitaire idéal pour toucher la femme.

Beaucoup d’entreprises passent pourtant à côté. Selon eMarketeer.com, il y aurait aux Etats-Unis 96 millions d’utilisateurs masculins sur Internet, contre 103 millions de femmes. Et en Belgique ? On compte, comme vous le savez, quelque 5,5 millions de surfeurs dans notre pays. 2,58 millions sont des femmes. Soit 47%, une petite moitié donc. Mais une moitié intéressante : selon une récente enquête d’InSites, 71% des femmes sont responsables des achats dans leur ménage. Chaussures non comprises !

Allons plus loin : environ 40% des surfeuses en Belgique ont un enfant ou plus. En chiffres absolus, cela donne un million de mamans en ligne. L’homme se demande quand les femmes ont le temps de surfer ? Et bien, de l’enquête qu’Insites, toujours, a menée en avril 2009 pour Sanoma Magazines Belgium et Beweb, il ressort que 30% des femmes sont plus tôt en ligne, entre le lever et le petit-déjeuner. Lire des mails et les transférer, vérifier si votre ex petit ami est passé du stade « en relation » à l’état « c’est compliqué », c’est ce genre de choses qui est fait. On comprend alors que les photos du top model couchée, occupée à surfer sur son tout nouveau laptop de Dell en pleine verdure, ne marchent pas pour ce segment cible : les femmes sont fatiguées à sept ou huit heures. Et si elles passent du temps en ligne, c’est enfin un peu pour elles. Il faut donc une sérieuse campagne pour les sortir de leur cocoon virtuel.

Clo Willaerts