Home/Dossiers/Le Focus de Tom Willemkens: Des pierres tombales sur le Web Le Focus de Tom Willemkens: Des pierres tombales sur le Web La croissance irrésistible de l’Internet au cours des 20 dernières années, avec une augmentation de milliards de pages comme conséquence, a également un côté moins connu et surtout moins visité: le cimetière numérique … 2008-10-09Comment A présent que de plus en plus de gens, d’entreprises, d’organisations et autres groupements partent du principe que pour exister vraiment il faut être sur l’Internet, le nombre de blogs comateux, de sites Web oubliés et de pages de profil abandonnées augmente tout autant. A quasiment chaque seconde apparaît quelque part un blog ou une page Web personnelle, avec laquelle l’initiateur en question espère sensibiliser le monde à ses soucis quotidiens. Et tout aussi vite, ces initiatives tombent dans l’oubli après le constat dégrisant que la consignation d’épanchements personnels des heures, des jours et des semaines durant, le chargement de photos de vacances soigneusement choisies, le recensement de livres lus ou non et la formulation d’opinions enrichissantes débouchent sur zéro (0) réaction de ce public de milliards de personnes à qui l’on s’adresse dans le monde entier.Sur ce, l’auteur désillusionné fait machine arrière, et oublie tout bonnement d’effacer ces traces. De même, les entreprises qui mettent la clé sous le paillasson, les boutiques Web qui cessent d’exister, les commerces de livres anciens sur le Web qui tournent la page ou les fleuristes qui espéraient un jour augmenter leur chiffre d’affaires grâce au Web miraculeux et disparaissent sans fleurs ni couronnes … tous ne laissent qu’une seule chose: un site Web abandonné.Alors que dans la vraie vie nous emportons généralement nos déchets après avoir passé une journée à la page, nous retirons notre enseigne de la façade après la fermeture d’un commerce ou nous enlevons la plaque avec notre nom lorsque nous déménageons, nous négligeons de le faire sur l’Internet.Et cette accumulation de pages Web obsolètes et ayant généralement perdu toute pertinence ne facilite pas vraiment le processus de recherche ciblée.Prenons l’exemple du tristement célèbre an 2000, qui commence lui aussi à dater. Avec la folie du bug du millénaire qui sévissait alors et d’autres théories fumeuses, de nombreux sites ont vu le jour. Ils peuvent encore être visités aujourd’hui comme des témoins silencieux d’une ère révolue.Ou prenons la toute première génération de sites Web de cybercafés et de clubs informatiques, souvent hébergés sur des serveurs dont le provider n’existe plus, même si la prise semble manifestement encore branchée. Ils sont tout aussi abandonnés que les vrais cybercafés et les locaux de clubs.Une espèce d’archéologie apparaît ainsi peu à peu, qui est pratiquée par des gens à la recherche de faits, de traces ou de personnes du passé. Pour ce faire, pas besoin de creuser le sol et d’exhumer des vestiges à passer au plumet, il suffit de mener des recherches ciblées avec Google ou Cuil, sur base de souvenirs et de points de repère. Qu’il s’agisse d’une vieille photo de classe, d’un ancien flirt ou d’une recherche généalogique… le cimetière des sites Web abandonnés est là, prêt à être exploré. Une balade parmi ces pierres tombales sur le Web nous en apprend beaucoup sur l’évolution de l’Internet, et ces vestiges sont aussi éloquents que les anneaux annuels d’un arbre tombé. Certains sites affichent une naïveté émouvante, avec leurs motivations profondes, leur animated gif clipart, leurs couleurs criardes et leur typographie typique. Nul doute qu’un jour, le tout reviendra à la mode en tant que design vintage, lorsqu’une nouvelle génération de concepteurs nostalgiques du style rétro creuseront un peu … Newsletter Rejoignez gratuitement la communauté Digimedia et suivez chaque semaine l’actualité Enter your Email address