Home/People/Chez Intel, le grand virage de Lip-Bu Tan : 20 % des effectifs supprimés Chez Intel, le grand virage de Lip-Bu Tan : 20 % des effectifs supprimés À peine nommé à la tête d’Intel, Lip-Bu Tan imprime sa marque : le nouveau CEO annonce une réduction massive de 20 % des effectifs du géant américain des semi-conducteurs. Loin d’un simple ajustement conjoncturel, cette décision marque un changement de paradigme pour l’une des plus grandes entreprises tech au monde — et envoie un signal fort à l’ensemble de l’industrie numérique. 2025-04-25Comment Intel fait le ménage… encore une fois Il s’agit de la deuxième vague de licenciements en deux ans pour Intel. En 2024, l’entreprise avait déjà supprimé près de 15.000 postes (environ 12 % de son personnel). En 2025, la coupe est encore plus sévère : près de 25.000 salariés pourraient être concernés, sur un total estimé de 125.000 employés. Un choc social et organisationnel qui appelle une lecture bien au-delà des chiffres. Une vision stratégique radicalement différente La rupture est nette avec la stratégie menée jusque-là par Pat Gelsinger, ex-CEO d’Intel, fervent défenseur d’une politique d’expansion industrielle massive. Sous son mandat, Intel avait annoncé des investissements colossaux dans la construction d’usines, notamment aux États-Unis. Le projet phare : deux fabs en Ohio pour un total de 20 milliards de dollars, initialement prévus pour 2025… désormais repoussés à 2030, au plus tôt. Avec Lip-Bu Tan, ancien président de Cadence Design Systems et fin connaisseur de l’écosystème numérique mondial, la feuille de route change : place à la rationalisation, au recentrage technologique, et à l’optimisation du capital humain. Selon ses propres mots, "Intel doit compenser la perte de ses talents clés, assainir ses finances et mieux adapter ses lignes de production aux besoins spécifiques de ses clients". Un signal clair envoyé à la tech mondiale Pour notre rédaction, cette nouvelle direction ne concerne pas uniquement Intel. Elle résonne comme un tournant plus large dans le secteur digital. En pleine phase de consolidation, de nombreux acteurs du numérique – notamment dans les semi-conducteurs, l’IA ou le cloud – s’interrogent sur leur modèle de croissance. Faut-il continuer à miser sur des infrastructures lourdes et coûteuses, ou s’orienter vers des modèles plus légers, plus agiles, centrés sur l’innovation logicielle et la spécialisation sectorielle ? Intel semble avoir tranché : moins de béton, plus de flexibilité. Cette décision s’inscrit aussi dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, de montée des exigences réglementaires (notamment en matière de souveraineté numérique) et d’un marché du hardware soumis à une forte pression concurrentielle — en particulier de la part d’acteurs asiatiques. Des conséquences profondes sur l’écosystème digital Ce plan de réduction d’effectifs pourrait impacter plusieurs chantiers technologiques clés chez Intel : Les investissements dans l’intelligence artificielle embarquée, qui exigent des équipes R&D spécialisées. Les ambitions européennes d’Intel, notamment autour des projets soutenus par les plans de souveraineté numérique de l’UE. La transition vers des technologies de fabrication plus avancées (2nm, packaging 3D, etc.), qui nécessitent des compétences rares que la firme risque de perdre dans cette restructuration. En parallèle, le départ de Gelsinger — officiellement pour cause de retraite, mais officieusement poussé vers la sortie — a été suivi d’un bref enthousiasme boursier… avant une rechute. Le cours de l’action Intel se stabilise aujourd’hui autour de 20 dollars, niveau équivalent à celui de l’été 2024, et bien en-dessous des attentes des investisseurs long terme. Ce que cela révèle du futur du digital Pour nous, cette restructuration illustre la fin d’un cycle dans la tech mondiale : celui de l’hyper-expansion coûteuse, sans toujours de retour rapide sur investissement. Les géants du numérique n’échappent plus à l’obligation de rentabilité, même dans des secteurs aussi stratégiques que les semi-conducteurs. La décision de Lip-Bu Tan pourrait ouvrir la voie à une nouvelle génération de leadership technologique, davantage centrée sur la création de valeur durable, la gestion fine des ressources humaines, et l’adaptation rapide aux besoins du marché — plutôt que sur la conquête territoriale ou les annonces à plusieurs milliards. Newsletter Rejoignez gratuitement la communauté Digimedia et suivez chaque semaine l’actualité Enter your Email address