Le chiffre est étonnant : environ 3 millions de Belges se sont inscrits sur l’application chinoise TikTok, que ce soit à cause du confinement, d’un effet de mode, d’un effet boule de neige ou à cause d’une quelconque autre raison ! « L’infinite scroll », inventé par l’ingénieur américain Aza Raskin, permet de parcourir un contenu sans fin grâce à un simple mouvement répété du pouce. En moyenne, les Belges inscrits passent 65 minutes sur cette application par jour et l’ouvrent à 13 reprises sur 24 heures.

Pourtant, il y a quelques semaines, nombreux sont ceux qui se sont inquiétés d’une future application de tracing pour lutter contre la propagation du Covid-19. Le projet de cette application a fait couler beaucoup d’encre : il y a eu des recours devant le Conseil d’État et beaucoup affirmaient qu’il s’agissait d’une atteinte aux libertés fondamentales plutôt que quelque chose liée à la santé publique. Cette crainte surgissait à cause des exemples venus d’Asie qui ressemblaient plus à du « tracking » que du « contact tracing ». Les personnes ne sont pas habituées, en tout cas en Europe, qu’une application soit gérée par l’État et repère les contacts entre les individus. En fait, la question portait surtout sur l’utilisation des données personnelles et la protection de la vie privée.

Civisme avant tout

Après avoir recalé le projet à plusieurs reprises, l’Autorité de protection des données a remis un avis positif sur la dernière proposition de l’application belge anticovid baptisée Coronalert, qui devrait être enfin disponible à partir du 28 septembre. Cette application arrive avec beaucoup de retard et la population a de plus en plus de mal à accepter les indications sanitaires. Néanmoins, cette application a besoin d’un nombre important de participants pour fonctionner correctement et efficacement. Les 3 millions d’utilisateurs de TikTok seraient déjà un bon début.

Si ces 3 millions de personnes sont prêtes à céder gratuitement leur localisation, une heure de leur journée et ont laissé TikTok suivre leurs activités en ligne hors de l’application à leur insu - comme révélé au début de l’été – ils devraient être les premiers utilisateurs de Coronalert. Après tout, s’ils partagent toutes ces informations avec TikTok, pourquoi ne le feraient-ils pas pour une application qui peut sauver des vies et qui respecte les règles liées à la protection de la vie privée ?