Confiance rompue avec les GAFA

Le scandale Facebook sur le détournement de données personnelles à des fins politiques concerne 87 millions de personnes. Mark Zuckerberg se justifie. Mais le mal est fait, et la confiance rompue pour des milliers d'utilisateurs.

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Le scandale de Facebook, qui secoue des millions d’utilisateurs, interroge profondément les usages des réseaux sociaux et l’étude Social Life 2018 de Harris Interactive le prouve. Menée sur plus de 2100 personnes pendant le mois de février 2018 (avant la révélation du scandale Cambridge Analytica), l’étude de l’institut révèle que les internautes français se soucient de plus en plus de la protection de leurs données.

Si même avec une affaire aussi tonitruante que celle de Cambridge Analytica, il semble improbable que Facebook perde soudainement ses 2 milliards d’utilisateurs, on sent tout de même que le vent est en train de tourner pour le réseau social. Il reste en effet n°1 des usages avec 61% d’actifs parmi les internautes français et 44% d’utilisateurs sur Messenger.

A la suite du scandale, Mark Zuckerberg a déclaré à Reuters être d’accord avec “l’esprit” de la réglementation européenne sur la protection des données personnelles, sans aller jusqu’à s’engager à en faire la norme sur l’ensemble de son réseau social au niveau mondial. Facebook est sommé de tirer les leçons du scandale de détournement des données personnelles de millions d’utilisateurs en s’inspirant des règles européennes en matière de protection de la vie privée.

Dans un entretien téléphonique, Mark Zuckerberg a dit à Reuters que Facebook préparait une version de cette directive européenne qui pourrait s’appliquer globalement, étendant certaines garanties européennes de protection de la vie privée au monde entier. Mais le milliardaire américain n’a pas voulu dire quels éléments ne seraient pas généralisés. "Nous sommes encore en train de fixer les détails à ce sujet mais, dans les grandes lignes, dans l’esprit, cela devrait en reprendre la totalité”, a-t-il dit, sans plus de précisions. Ces déclarations laissent entendre que les utilisateurs américains pourraient se retrouver plus exposés que les Européens. 

La General Data Protection Regulation (GDPR) européenne, qui doit entrer en vigueur le 25 mai, représente la plus profonde refonte des règles de protection de la vie privée depuis la naissance d’internet. Elle donne aux Européens le droit de savoir quelles données sont stockées et le droit de les faire supprimer. Les groupes de pression poussent Facebook et ses concurrents de la Silicon Valley, comme Alphabet, la maison-mère de Google, à appliquer ces règles au niveau mondial. 

Bref, les GAFA sont à la peine. Le réseau social n’est en effet pas le seul à faire face à des vents contraires ces derniers temps. Donald Trump n’a pas épargné Amazon dans ses tweets ravageurs, l’accusant de ne pas payer suffisamment d’impôts et de tuer les petits commerçants comme les grandes surfaces. Apple et Alphabet sont quant à eux régulièrement épinglés pour leurs pratiques douteuses d’optimisation fiscale. 

Faudrait-il dès lors miser sur les BAT (Baidu, Alibaba et Tencent - les trois poids lourds chinois des hautes technologies), ou, de façon plus large, sur les géants de la high-tech des pays émergents? En effet, alors que les GAFA subissent actuellement les foudres des autorités des Etats occidentaux, les entreprises high-tech stars du monde émergent - essentiellement chinoises, coréennes et taïwanaises - et bénéficient, elles, d’un soutien politique total.

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