Home/ channel belgium /Marché des cartouches d’encre illégales: le temps des clones Marché des cartouches d’encre illégales: le temps des clones Longtemps sous-évalué par les constructeurs, le phénomène de la fraude aux consommables est devenu un fait de société. Au prix de l’encre et du toner, la contrefaçon des cartouches devient aussi rentable que celles des sacs Vuiton. Et parmi les études qui tentent à le démontrer figure celle menée par le Photizo Group à la demande HP dans 7 pays européens. 2013-07-16Comment 156790866 2100 utilisateurs de Laser jet ayant utilisé des toners exotiques (légaux ou non) ont donné leur opinion sur ces cartouches de substitution. Toutes technologies confondues, 30% des cartouches (laser et jet d’encre) ne viendraient pas du constructeur, mais la proportion peut fortement varier selon les pays. Parmi les principaux amateurs figurent la Turquie et la Russie. En règle générale, la plus grande proportion se trouve parmi les consommateurs privés. Lors d’un exposé des spécialistes de la contrefaçon, la direction de l’activité « Printing » de HP a déclaré qu’en 2012 l’équivalent de 65 millions de dollars d’encres falsifiées auraient été confisquées, principalement sur les marché émergents. Premier constat de Photizo : 44% des utilisateurs de laserjet monochrome (53% pour la couleur) déclarent avoir rencontré des problèmes avec les cartouches toner non HP. Un utilisateur sur 10 (couleur) et un utilisateur sur trente (noir) ont dû effectuer la réparation ou le nettoyage de leur imprimante. Moins chanceux, 17% des utilisateurs d’imprimantes mono (20% pour la couleur) n’ont pas fonctionné, ou durant un court laps de temps. Certains n’ont même pas été livrés. A en croire une autre enquête, cette fois de Forester consulting (juin 2012), 70% des utilisateurs de cartouches contrefaites constatent une baisse de la qualité d’impression et 80% de clients corporate assurent qu’ils changeraient de fournisseur s’il leur vendait des produits contrefaits. De même, 60% des clients voient dans leur fournisseur une source de confiance. La fraude par les clones Depuis peu, le marché européen des consommables serait la victime d’un nouveau fléau baptisé clone et qui touche surtout les toners. Contrairement aux cartouches reconditionnées, ou simplement remplies de toner, les clones sont des cartouches neuves, construites comme des copies identiques. Tellement identiques que, lors d’un test, il nous a été impossible de les distinguer des vraies. D’où leur nom. L’illégalité vient non seulement qu’elles enfreignent des brevets, mais surtout qu’elles se prétendent être fabriquées par le constructeur (en l’occurrence HP). Ce qui est légal… ou pas Rappelons que le marché des consommables compatibles est légal, à condition de ne pas prétendre émaner du constructeur. Si le conditionnement indique clairement son origine, si les mots compatibles » « recyclées », « rebuild » ou « reconditionnées » apparaît, le consommateur et le revendeur ne sont pas trompés. En revanche, reproduire à l’identique un produit en lui attribuant le nom de la marque copiée est de la pure contrefaçon. Or, il existerait plusieurs dizaines de fabricants de cartouches clonées dans le monde, principalement en Asie. L’écoulement se fait par le canal de vente traditionnel. « En Europe occidentale, le channel hésite encore à vendre des clones, explique Leobert Faessler (LaserJet Supplies Marketing Program Manager). Mais, en Espagne, ce marché est déjà deux fois plus important. Et en Russie, c’est quatre fois plus important ». Principalement parce que le clone n’est pas plus cher et assure de meilleures marges. Le revendeur y voit même une source d’approvisionnement secondaire lorsque le constructeur est en rupture de stock. Un exemple : une cartouche clone HP Q2612A vendues 5 euros à un revendeur se retrouvera à 16-21 € en magasin. Par comparaison, une cartouche remanufacturée coûtera 42 € et la cartouche d’origine 67 €. Mais tous les clones ne sont pas vendus à un prix aussi bas, précise Leobert Faessler. Quand à Tina Rose, responsable du programme ACF (Anti-counterfeit), elle évalue le profit à 500% par rapport à une cartouche originale. « Et cela pour un risque de poursuite très faible par rapport à d’autres actes illégaux ». Performances des clones Selon les chiffres de HP, les acquéreurs de cartouches clonées rencontrent plus de problème qu’avec les modèles remanufacturés, avec un niveau de qualité de seulement 61%. En matière de répression, HP a expédié des mises en demeure à certains distributeurs et revendeurs, 8 entreprises sont accepté de signer des accords. Samsung, Canon et d’autres mènent des actions semblables au niveau européen. En EMEA en 2012, il se serait retrouvé 1,4 million de pièces illégales, 300 actions ont été menées en justice, HP a contacté 1000 personnes et fait un audit après de 600 partenaires. Pour la seule Europe de l’ouest, 80.000 pièces ont été retrouvées, 60 poursuites entamées, 400 contacts pris avec des entreprises et 60 audits été réalisés chez des partenaires. La fraude semble principalement toucher le toner qui est deux fois plus copié illégalement (en quantité) que les cartouches de jet d’encre. Se pose aussi la question environnementale dans la mesure où ces clones se retrouvent dans le circuit de recyclage mis en place par les constructeurs et qu’ils ne peuvent pas être reconditionnés. Par ailleurs, les contrefacteurs ne respectent pas les règles écologiques dans la production et l’utilisation des composants de leurs produits. Dans leur lutte contre les clones, bon nombre de constructeurs et de fournisseurs de compatibles sont regroupés au sein de l’etira.org pour la lutte contre les clones. Ils incitent le canal à ne traiter qu’avec des entreprisses connues et à se poser des questions lorsque les prix sont trop bas : « Un revendeur ne pourra jamais plaider l’ignorance contre de telles infractions en matière de propriété intellectuelle » précise Leobert Faessler qui incite toute personne ayant un doute à envoyer un mail à clones@hp.com Tina Rose travaille pour sa part dans un groupe chargé de dépister la contrefaçon. Elle a acquis une expérience d’enquêteur en propriété intellectuelle avant d’entrer chez HP en 2006. Si la fraude émane du produit, elle peut aussi venir du conditionnement qui cherche à imiter l’emballage original. « En général, un contrefacteur investit un pays durant un délai assez court, puis se retire car il peut être détecté par la piètre qualité des cartouches que les clients de bonne foi rapportent chez les revendeurs. C’est pourquoi HP a mis en place un programme en trois points, basés sur la prévention et l’éducation (clients, partenaires, journalistes, analystes), le produit et le packaging. Quelques trucs pour identifier des faux emballages sont présentés sur le site www.hp.com/go/anticounterfeit. Les niveaux de protection incluent des hologrammes (sur toutes les boîtes de toners et certaines cartouches jet d’encre), des code QR et des codes chiffrés pour s’assurer de l’originalité des boîtes. Mais dans cette lutte sans fin, certains contrefacteurs vont jusqu’à récupérer les boîtes originales de toner pour y replacer des produits copiés. 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