Eset: l’antivirus slovaque veut assurer sa croissance grâce à l’Europe occidentale

Eset veut se différencier par une approche heuristique, diversifier son canal par un catalogue étendu, convaincre par sa longévité et conserver son indépendance par une stratégie de croissance organique. Rencontre, à Bratislava, avec Richard Marko qui participa au développement du premier antivirus Eset Nod32 et Palo Luka qui fit ses premiers pas dans l’entreprise alors qu’il était encore étudiant.

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Eset n’est pas un perdreau de l’année. Née en 1987 lorsque la Tchéquie était encore slovaque, l’expérience se transforma en entreprise privée en 1992. Eset emploie aujourd’hui 800 personnes et est présente dans 180 pays. En Belgique, elle est représentée par MGK. Eset revendique une croissance de 387% entre 2006 et 2011 et un chiffre d’affaire annuel de 416 millions.

Richard Marko, CEO de Eset, compte poursuivre sa croissance de manière organique: «Nous avons déjà acquis des petites entreprises, mais toujours en fonction des technologies qu’elles apportaient. Actuellement, ce n’est pas notre stratégie et cela ne changera pas dans le proche avenir».

Etendre le canal de distribution

Depuis qu’Eset a fait le pas vers les grandes entreprises, l’offre Consumer ne représente plus que la moitié des activités; «nous trouvons un équilibre entre les deux marchés. Un élément qui nous aide à croître est que, dans le passé, nous n’étions pas disponibles dans tous les segments. Aujourd’hui, de l’antivirus aux solutions d’entreprises, nous pouvons étendre notre canal».

Interrogé sur la notoriété de la marque, Richard Marko reconnaît qu’elle est bien implantée en Europe centrale et de l’Est ainsi qu’en Asie: n°1 en Slovaquie et n°2 en Russie. « Dans les pays occidentaux, nous avons une part de marché plus réduite, mais nous sommes présents partout, y compris aux USA et c’est dans ces pays matures, où nous sommes challengers, que nous avons des parts de marché à prendre."

Dans un univers où les logiciels de protection sont fort semblables, Richard Marko dit vouloir se différencier par la stabilité et les performances du produit «C’est cela notre qualité. Nous ne voulons pas nous lancer dans une surenchère d’options. Nous pourrions offrir des solutions accessoires, comme le backup, mais mon opinion est que ce type d’offre est toujours basique par rapport à ce que proposent les spécialistes de la sauvegarde". "Ce qui importe, renchérit Palo Luka, CTO de Eset, ce sont les résultats des tests et des enquêtes de satisfaction. Un utilisateur satisfait recommande nos produits».

Les antivirus gratuits ont toujours existé

Interrogé sur l’impact des antivirus gratuits, Richard Marko répond que ce marché est réel, mais existe de longue date: «Ils ont un impact et leur stratégie pour générer des revenus est différente. Garantir la sécurité aujourd’hui exige des investissements lourds et nous ne voulons pas proposer des produits gratuits dont les capacités seraient limitées ».

Richard Marko n’est pas non plus un fervent adepte d’accords OEM avec les fabricants de PC. «Nous vivons parfois cette situation étrange où l’éditeur de logiciels doit garantir des revenus aux constructeurs de hardware. Nous ne concluons donc d’accord OEM qu’au cas par cas, quand cela a du sens, mais ce n’est pas une attitude systématique. Ce sont des décisions de niveau régional».

Pour Palo Luka, le but d’Eset n’est pas de concurrencer Symantec: «Par la taille du portefeuille et de l’entreprise, c’est difficile, mais notre propre portefeuille est beaucoup plus étendu qu’il y a dix ans. Nous couvrons plus de plates-formes. Nous existons depuis un quart de siècle et nous venons de voir IBM fêter ses 100 ans. Nous aimerions atteindre une image telle que celle-là et le nouveau défi mobile nous permettra de montrer nos compétences au cours des années qui viennent. Car nous avons aussi la meilleure équipe mobile » .

Pour les deux dirigeants, les OS, les plates-formes ou le M2M ne sont que des «carriers», l’important étant les malwares. «Nous n’atteindrons jamais un monde super-sécurisé et il faudra toujours s’adapter aux attaques. C’est comme pour les automobiles. On les vend depuis 100 ans, mais le produit est toujours en évolution ». Pour se développer, Eset n’a pas encore l’esprit à entrer en bourse: «Nous sommes une entreprise autonome et j’espère que l’on continuera ainsi», conclut Richard Marko.

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