Depuis quelques années, de plus en plus de néobanques apparaissent sur le marché. Upy vient de rentrer dans le marché belge et l’arrivée de Nickel est annoncée pour 2022.

La principale différence entre une néobanque et une banque traditionnelle repose sur leur organisation. Des banques comme BNP Paribas Fortis, KBC ou encore Belfius reposent sur une structure historique constituée d'agences. Les néobanques, elles, sont sur du 100% digital puisqu’elles sont issues des fintechs.

Toutefois, Etienne Dessy, spécialiste de la réglementation financière en Europe auprès de Linklaters, précise que seuls les établissements de crédit peuvent se définir comme une banque en Belgique. Cette distinction signifie qu’elle dispose de l'agrément, sésame indispensable des autorités bancaires au lancement de toute activité.

Une néobanque est donc agrée. Comme toutes les autres banques, la néobanque doit répondre à une analyse du profil de risque déterminant les fonds propres, se plier aux frais de surveillance et de compliance et assurer la protection des dépôts. Ses frais sont peu élevés grâce à une activité basique et une faible structure de coûts immobiliers et de personnel.

Roland Gillet, professeur en Finances à la Sorbonne et à l'ULB (Solvay) explique aussi l'avantage sur les fonds propres. « La plupart de ces banques n'acceptent pas de comptes en négatif. Les dépôts ne sont pas réinvestis en crédits. L'offre d'épargne est réduite. À part le capital minimal requis, les néobanques n'ont donc pas les mêmes besoins de fonds propres. »

Un plus pour le client ?

« Les néobanques bénéficient d'un alignement des astres : la technologie est là, la réglementation est là, et bien qu'ils soient aussi affectés par la pandémie, elle les a aussi aidés. » La technologie représente l'atout principal de ces banques. Grâce au recours au cloud via des services provider IT, ces banques sont également très agiles et très flexibles.

Néanmoins, Roland Gillet souligne un problème : « La gratuité des services de ces banques est souvent limitée. Elles se rémunèrent désormais par le biais de plafonnement sur les taux de change ou via l'enrichissement de leurs applications. »

De plus, beaucoup de ces acteurs sont étrangers. Même si on peut ouvrir un compte facilement en un clic, il faudra le mentionner dans la rubrique « comptes étrangers » de sa déclaration d'impôts.

Une concurrence plus féroce

« La frontière entre la néobanque et les filiales digitales des banques (HelloBank, Banx...) va se réduire. Elles sont déjà au coude à coude sur la technologie. L'une a les avantages de coûts, l'autre à la gamme de services et l'expertise. La néobanque deviendra donc difficilement la première banque du consommateur », affirme Roland Gillet.

Toutefois, Etienne Dessy y voit un effet boostant. « Belfius n'aurait peut-être pas l'une des meilleurs app bancaires au monde sans cette concurrence. » Geert Van Mol, Chief Digital Officer de Belfius le reconnaît et explique qu'avec Banx, ils combineront le meilleur des deux mondes pour concurrencer les néobanques. Cette banque, lancée avec Proximus, sera plus une marque digitale avec la signature financière de Belfius qu'une néobanque. 

Dans ce secteur en évolution, Roland Gillet témoigne d’une concurrence bien plus féroce. « On sait les Google, Apple et autres s'intéresser aux services bancaires. Ils ont la force de frappe, les fonds propres et la technologie. C'est là une concurrence plus redoutable et redoutée. Et si en plus on assiste à une hausse des taux et des marges, cette rentabilité accrue du secteur fera encore plus d'envieux entrants. »