Les investisseurs continueront d’investir dans les scale-ups

Les investisseurs qui ont fait confiance à des scale-ups n’ont quasiment pas changé leurs stratégies d’investissement à la suite de la pandémie COVID-19. Avec le soutien de Scale-Ups.eu, le sondage de Deloitte mesurant l’impact du COVID-19 auprès des scale-ups se focalise sur la position des investisseurs. En mai dernier, 7 scale-ups sur 10 se disaient confiantes et convaincues que leur entreprise parviendrait à surmonter cette crise. Cependant, les investisseurs estiment cette perspective un peu trop optimiste. Si les entreprises se concentrent essentiellement sur la restructuraton des coûts et l’augmentation de leur aptitude à pénétrer rapidement un marché, les investisseurs leur déconseillent de s’écarter de leur modèle d’entreprise.

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“Les investisseurs pensent que les scale-ups ont été un peu trop optimistes au moment où elles ont été interrogées. Mais il n’en demeure pas moins que 7 investisseurs sur 10 sont convaincus que les sociétés figurant dans leur portefeuille en sortiront plus fortes et pourront poursuivre voire même accélérer leur trajectoire de croissance. Cette crise est surtout délicate pour les scale-ups qui ont de longues phases de recherche et développement, ce qui engendre des retards et augure d’éventuels problèmes de financement à terme,” constate Koen Vandaele, Ecosystems & Alliances Leader chez Deloitte Belgique.

Les stratégies d’investissement demeurent inchangées

En raison de leur vision  à long terme, la plupart des investisseurs n’ont pas modifié leur stratégie mais ils prévoient des valorisations en baisse ou plus réalistes.

ous les investisseurs qui ont participé au sondage continuent d’investir dans des entreprises en dehors de leur portefeuille actuel. Cinquante-huit pour cent ne cherchent pas à diversifier le type d’entreprises en portefeuille, mais un bon 42 pour cent prévoient de revoir la répartition sectorielle ou même d’éviter certains secteurs (ils envisagent par exemple d’augmenter leurs investissements dans les soins de santé, le commerce électronique ou les jeux tout en évitant les secteurs de voyage, le retail, l’événementiel et l’hébergement).

Les niveaux d’investissements demeurent largement inchangés: 5 pour cent réduisent leurs investissements, 21 pour cent les augmentent et 74 pour cent ne les modifient pas. Onze pour cent ont accéléré au moins un round d’investissement, 5 pour cent en ont annulé un, et 21 pour cent ont suspendu les négociations. Enfin, 63 pour cent des investisseurs n’ont pas modifié leurs plans. Septante-et-un pour cent prévoient de désinvestir un peu plus tard que prévu pour certaines sociétés de leur portefeuille, les opérations de fusions et acquisitions étant souvent reportées de plusieurs mois en attendant que la situation se normalise.

“Beaucoup d’investisseurs ne peuvent pas encore préciser quel sera exactement l’impact du COVID-19 sur leur ROI à long terme, tout simplement parce qu’il est encore trop tôt pour le dire. Lorsqu’un impact négatif est envisagé, c’est souvent lié à un retard au niveau du rendement prévu parce que certains désinvestissements devront sans doute être reportés de plusieurs mois, voire de plusieurs années,” selon Kristof Cox, Director Scale-ups Ecosystem chez Deloitte Belgique.

Eviter les écarts par rapport au modèle d’entreprise

Les investisseurs sont largement d’accord pour dire que les scale-ups devraient garder le cap et ne pas changer fondamentalement leur modèle d’entreprise. Bien que certaines aient apporté des modifications mineures à leur produit, les investisseurs pensent que ce n’est vraiment pas une bonne idée de modifier un modèle d’entreprise pour s’adapter à la crise temporaire du COVID-19.

Tous les investisseurs interrogés s’impliquent activement dans les sociétés figurant dans leur portefeuille et surveillent de près leur santé financière, souvent par le biais d’analyses hebdomadaires de la planification du cash flow. Certains investisseurs ont apporté des crédits-ponts à quelques-unes de leurs scale-ups. L’accompagnement qu’ils apportent à ces scale-ups vise essentiellement à optimiser leur stratégie commerciale, leur business model, leur plan de commercialisation. Certains les aident même à mettre au point des tableaux de bord basés sur des KPI,” précise Anaïs De Boulle, Senior Manager Scale-Ups Ecosystem chez Deloitte Belgique.

Augmenter la digitalisation, la localisation et la collaboration

Il faut s’attendre à une augmentation de la digitalisation et de la localisation (c’est—à-dire à une concentration sur les marchés régionaux). “De nouvelles opportunités s’offrent déjà aux scale-ups à une échelle plus locale car les sociétés traditionnelles sont confrontées à de nouveaux défis d’approvisionnement – un élément que les scale-ups commencent à prendre en compte. Les scale-ups technologiques devront s’adapter à cette tendance et saisir ces occasions pour alimenter leur croissance,” dit Bruno Vandegehuchte, Head of Investor Relationships Scale-Ups.eu.

“Certain investisseurs pratiquent déjà activement des collaborations inter-portefeuilles, où les scale-ups peuvent se renforcer mutuellement grâce à des compétences compatibles, apporter une expertise ‘in-fund’ et échanger des pratiques exemplaires et même des talents. Les stratégies “buy and build” ou “add-on” occuperont une place toujours plus importante parmi les investisseurs – surtout les fonds de placement privés —ce qui pourrait influencer l’écosystème des scale-ups,” poursuit Bruno Vandegehuchte.

De longues phases de recherche et développement (R&D) peuvent causer des problèmes de financement

Pour les scale-ups connaissant une longue phase de R&D, la crise COVID-19 risque de présenter un défi particulier en provoquant des retards et des problèmes de financement ultérieur en cascade. “La feuille de route technologique a été reportée pour plusieurs entreprises, actives notamment dans la R&D, avec des retards pouvant aller de 3  à 6 mois. Les sociétés MedTech et BioTech sont impactées par la FDA, l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, et les législateurs de l’UE qui privilégient les projets COVID-19. Dans certains cas, il y a même eu suspension provisoire des essais cliniques,” dit Koen Vandaele.

 

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