Home/ channel belgium /Technologie et sécurité: une relation difficile Technologie et sécurité: une relation difficile Récemment, Axis Communications a organisé une table ronde avec quelques personnalités sur la question de savoir comment l’usage de caméras vidéo et de la technologie peut contribuer à un meilleur fonctionnement et à une meilleure gestion des villes et des communes, en particulier sur le plan de la sécurité et du maintien de l’ordre en Belgique. 2016-03-08Comment 156790702 Récemment, Axis Communications a organisé une table ronde avec quelques personnalités sur la question de savoir comment l’usage de caméras vidéo et de la technologie peut contribuer à un meilleur fonctionnement et à une meilleure gestion des villes et des communes, en particulier sur le plan de la sécurité et du maintien de l’ordre en Belgique. Parmi les participants figuraient notamment Hans Bonte, bourgmestre de Vilvoorde, Epko Van Nisselrooij, City Surveillance expert chez Axis Communications et Steven De Smet, commissaire en chef de la police de la ville de Gand et présent en tant qu’auteur de ‘De nieuwe politie‘ (Lannoo 2012). Les villes de Vilvoorde et de Gand sont toutes deux équipées de nombreuses caméras. Les orateurs préconisent un recours plus intensif à la technologie pour une surveillance efficace des villes. Voici un résumé de leurs conclusions, de leurs frustrations et de leurs recommandations. Moins d’agents, plus de technologie Par rapport à d’autres pays, la Belgique possède un nombre relativement important de policiers par habitant, souligne Hans Bonte. Ce qui ne signifie pas pour autant que les services de police combattent mieux la criminalité. Une structure et une répartition moins efficaces des services de police, voilà où le bât blesse… De même qu’au niveau des procédures, totalement dépassées (“dans certains cas, la communication entre services de police se fait encore au moyen de huissiers”, rappelle Hans Bonte). Parfois aussi, c’est le manque de connaissance de la technologie et de ses possibilités qui est à la base de l’inefficacité, poursuit Bonte, qui renvoie ici aux réseaux sociaux : “De nombreuses organisations criminelles maîtrisent les fonctionnalités de Facebook ou de Google et en font un excellent usage. Alors que les administrations et les services de police restent désespérément à la traîne.” Le commissaire en chef De Smet abonde dans le sens du bourgmestre. Les caméras de sécurité constituent une exception bienvenue. Pour Epko Van Nisselrooij, la technologie des caméras est l’une des rares technologies qui contribuent activement à une plus grande sécurité. C’est surtout dans les grandes villes que les criminels peuvent agir facilement en tout anonymat. Rares sont les gens qui connaissent leurs voisins et l’on ne pose généralement pas de questions difficiles. De grandes agglomérations comme Bruxelles et Anvers font actuellement leurs premiers pas vers un système de caméras 100% intégré. Mais dans la commune de Boom aussi, on se montre très satisfait et le sentiment de sécurité s’est nettement renforcé. Enfin, cette technologie a déjà montré sa valeur ajoutée lors de grands événements réunissant une foule importante – fêtes gantoises, festivals tels que Pukkelpop, marché de Noël à Bruxelles, ... “On a une bonne vue d’ensemble de tout ce qui se passe et on peut intervenir rapidement en cas de besoin. Qui plus est, cette technologie s’est déjà révélée très utile en cas de disparition d’enfant par exemple”, ajoute Steven De Smet. L’obstacle le plus courant : la protection de la vie privée Concrètement, il n’y a pas que la connaissance limitée de la technologie qui constitue un obstacle pour les services communaux et de police ; les dispositions légales en matière de protection de la vie privée ne facilitent pas non plus la vie de ces services. “Il y a là une source récurrente de frustration”, souligne Hans Bonte, “car entretemps, ceux qui veulent nuire à la société ne se privent pas d’exploiter pleinement les possibilités de la technologie.” Pour Steven De Smet, il y a une énorme différence entre la législation actuelle et la réalité d’aujourd’hui : “La vie privée au sens où l’entendaient nos grands-parents n’existe plus. Les valeurs et les standards de cette époque doivent céder la place à de nouvelles normes répondant aux attentes de l’ère numérique.” Et à cet égard, la législation devrait davantage tenir compte de cette dimension afin de rétablir l’équilibre entre vie privée et sécurité : telle fut la conclusion générale du débat sur ce point. Numérisation? Pas évident ! La jeune génération de policiers ne jure souvent que par les technologies les plus récentes, et peut ouvrir la voie vers une utilisation plus intensive et plus efficace de la technologie. “Mais il faut que les anciennes générations puissent, elles aussi, adopter cette technologie vis-à-vis de laquelle, jusqu’à présent, elles se montrent réticentes”, met en garde Steven De Smet. Steven plaide simultanément en faveur d’un rattrapage pour que les ‘digital natives’ aient vraiment envie de venir travailler dans la police. La technologie ne remplace pas, elle complète. Tout ce qui précède ne signifie pas qu’il faille rompre définitivement avec le passé. Bien au contraire... A certains égards, il faudra même faire marche arrière, souligne Steven De Smet: “Suite à la réforme des polices, 50% des agents n’habitent plus dans la ville où ils travaillent. Ce qui veut dire que, en ce qui concerne la police de proximité (la philosophie de base de la réforme des polices en 1998), il n’y a plus ce lien avec la population locale. Contrairement à ce qui se passait avant, il est plus difficile aujourd’hui de parler avec le patron du café local pour apprendre ce qui se passe de manière informelle.” A ce niveau, la technologie n’apporte pas de solution totale – et Steven De Smet le sait bien – mais elle peut constituer un complément intéressant. D’une part, le big data permet d’obtenir des perceptions utiles et d’autre part, un usage efficace de la technologie permet de libérer des effectifs de police pour les affecter à d’autres missions, comme le contact avec la population locale. Hans Bonte préconise lui aussi un double plan d’action pour mieux lutter contre la criminalité – plus d’agents locaux d’une part et une introduction plus rapide de la technologie d’autre part. Collecter et analyser l’information ne suffit pas. Encore faut-il la partager… L’usage de caméras de surveillance permet notamment de collecter beaucoup d’images et d’informations très utiles. Et les outils analytiques intelligents ont aussi un rôle important à jouer : ce type de logiciel permet par exemple de reconnaître des visages ou des plaques minéralogiques, de les comparer à une liste noire et de les transmettre ensuite à un centre de contrôle. “Outre leur valeur dissuasive et leur utilité dans une enquête de police, les caméras et autres capteurs pourront, à relativement brève échéance, fournir également des informations prévisionnelles et proactives », reconnaît Epko Van Nisselrooij. Ce sont là de beaux avantages de la nouvelle technologie. Mais il arrive encore trop souvent que l’on n’exploite pas pleinement ces avantages, par manque de communication entre les différents services. “Combien de fois n’avons-nous pas localisé des suspects... mais sans aucune suite simplement parce que l’information n’a pas été exploitée ?”, soupire Hans Bonte. La centralisation et l’analyse de toutes ces informations doivent également se faire de manière judicieuse et structurée si l’on veut en tirer le meilleur parti, rappelle Steven De Smet: “Il faut organiser tout cela centralement et même, au niveau européen pour certaines formes de délits (terrorisme).” Epko Van Nisselrooij le confirme : “Le centre de contrôle a déjà porté ses fruits dans plusieurs grandes villes du monde. Le fait de pouvoir diriger des équipes à partir d’un point central donne tout simplement de meilleurs résultats et améliore nettement l’efficacité. Nombreux sont les corps de police étrangers qui ne pourraient plus s’en passer aujourd’hui. Le meilleur scénario, c’est celui où l’information collectée fait l’effet d’une caisse résonance dans la politique d’une ville ou d’un corps de police.” Les services juridiques : indispensables pour réussir Tous les participants sont d’accord pour dire que la collaboration entre les services communaux ou de la ville et la police est cruciale pour garantir un bon fonctionnement. Mais la justice a, elle aussi, un rôle à jouer. Et cela ne va pas toujours sans heurts, comme le montre Hans Bonte à l’aide d’un exemple : “Nous travaillons à une base de données dynamique, avec une liste de 450 radicalisés, qui devrait être à la disposition de chaque service de police du pays lorsque quelqu’un est appréhendé. Mais cela ne fonctionne pas, notamment parce que la justice ne peut divulguer d’informations sur des enquêtes judiciaires en cours. Résultat ? Les procédures judiciaires peuvent directement impacter l’efficacité de la lutte contre le terrorisme. 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