Outbrain : le contrepoids natif de Google et Facebook

En avril 2019, les Américains d’Outbrain s’offraient l’acteur européen Ligatus : les deux leaders de la publicité native et de la recommandation éditoriale fusionnaient. "Grâce à cette acquisition, Outbrain a considérablement renforcé son réseau et sa position en Europe", déclare Ben Doumen, qui a dirigé le bureau de Ligatus en Belgique pendant six ans. Celui qui remplit aujourd’hui la fonction de directeur général d'Outbrain pour la Belgique est donc parfaitement placé pour nous en dire plus sur la nouvelle approche de l’entreprise et les spécificités de ses solutions.

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Quelles conséquences a eu le passage de Ligatus à Outbrain ?  

Ben Doumen : "Ligatus était une entreprise allemande qui comptait environ 200 personnes dans toute l'Europe. Outbrain, en revanche, est une structure d’envergure mondiale qui rassemble plus de 850 employés et dispose de bureaux dans 19 pays. Mais comme nous couvrons 44 langues, nous sommes de facto présents sur beaucoup plus de marchés. L'approche est en outre différente : Outbrain est une société américaine, avec des racines israéliennes. Chez Ligatus, nous avions des objectifs annuels ; chez Outbrain, ils sont  trimestriels. C'est un tout autre engrenage".  

Quelle est votre portée en Belgique ?  

B.D. : "À l'exception de De Tijd et de L'Écho, nous avons dans notre réseau toute la presse quotidienne et une foule de magazines. Cela signifie que nous touchons 88% des internautes belges. Avec notre réseau national, nous générons plus d'un milliard de pages vues par mois, et entre 3 et 3,5 millions de clics qualitatifs".  

La publicité native a gagné du terrain ces dernières années. Comment l’expliquez-vous?  

B.D. : "Il s’agit d’une publicité plus qualitative, dotée d’une meilleure technologie et, qui plus est, qui respecte les clients. Selon les spécialistes, d'ici 2025, le natif sera la forme de publicité numérique la plus populaire. Nous intégrons la publicité sur différents aspects : la forme, la mise en page, la fonction et le contenu sous lesquels elle apparaît. Par conséquent, elle n'est plus intrusive et ne perturbe pas l'expérience de l'internaute. Sur la base de nos algorithmes, nous créons quelque chose qui peut intéresser l'utilisateur et sur lequel il sera susceptible de cliquer. Des études montrent que l'engagement de l'internaute dans la publicité native est jusqu'à 9 fois plus important que dans les formats d'affichage traditionnels. Si on le compare à une bannière, un format natif est regardé par 53 % de consommateurs en plus. L'intention d'achat est également supérieure de 15 %".  

Comment Outbrain se positionne-t-il par rapport aux autres plateformes numériques ?

B.D. : "Tout le monde est familier des feed (flux), mais il en existe de différents types. Vous avez le "fil de recherche", basé sur l'intention. Lorsque qu’un internaute veut chercher ou acheter quelque chose, il se retrouve dans le « walled garden » (jardin clos) de Google, car 95% des recherches passent par Google. Il y a aussi les flux sociaux, basé sur le partage. Les internautes veulent y partager du contenu entre eux. Là aussi, vous êtes dans les jardins clos de réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Pinterest, TikTok et autres. Chez Outbrain, nous nous positionnons en tant que troisième flux, un "flux de découverte" personnalisé, basé sur les centres d’intérêts. Avec ce feed, vous n'êtes pas dans un walled garden. L’internaute est sur le web ouvert".  

Pourquoi l’open web est-il si important aux yeux d’Outbrain ?  

B.D. : "Nous voulons soutenir le journalisme indépendant de qualité, lequel est soumis à une pression croissante. Google et Facebook soutirent de plus en plus d'argent aux marchés et éditeurs locaux. Les éditeurs qui collaborent avec nous récupèrent immédiatement la plupart des revenus qu'ils génèrent. A l’heure actuelle, il est primordial que le public puisse s'informer correctement. Ce qui est impossible avec les théories du complot et les légendes urbaines qui circulent sur les réseaux sociaux. Outbrain a été créé dans l’optique d’apporter un outil pour les éditeurs et les journalistes. Les fondateurs de la société ont eu l'idée de développer un système qui offrirait automatiquement aux visiteurs d'un site média des liens intéressants vers d'autres articles du site. En se basant sur des algorithmes, ils ont pu déterminer exactement ce qu’un surfeur trouverait intéressant. D'où le nom : "Outsourcing the brain".  

Inside : Comment avez-vous vécu la crise COVID-19 ?  

B.D. : De deux manières car notre activité est double. Les éditeurs sont du côté de l’offre et nous dépendons du volume créé pour diffuser des campagnes et générer de l'argent. Du côté de la demande, vous avez la campagne elle-même. Pendant la crise, nous avons constaté que les volumes côté demande augmentaient dans des proportions gigantesques. Les gens recherchaient des nouvelles et s'informaient auprès des grands noms de l’information, sur les sites de journaux et de magazines. En mars et avril, nous avons connu des pics incroyables, surtout sur les contenus relatifs au COVID-19. En Belgique, la demande a été très forte. Mais la plupart des campagnes ont été annulées du jour au lendemain. Par rapport à l'année dernière, les résultats du deuxième trimestre sont inférieurs de 40 %, bien que nous ayons déjà constaté une reprise en juin. Idéalement, nous devrions être en mesure de compenser une grande partie de ces pertes au cours du second semestre de l'année".  

 
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